Des pionniers du tourisme maritime responsable proposent d’observer des baleines à quelques heures seulement de Bangkok : une expérience rare au royaume du tourisme de masse, où aquariums géants, spectacles de dauphins en bassin et piétinement des coraux sont hélas la norme… Les baleines de Thaïlande sont longues d’une quinzaine de mètres, ce sont des « rorquals de Bryde », appelées aussi rorquals tropicaux. On les aperçoit ouvrant leur bouche en grand pour balayer la mer, à la recherche des anchois présents dans le nord du golfe de Thaïlande. « Leur façon de s’alimenter est un phénomène de biomécanique inégalé », explique Jirayu Ekkul, 31 ans, un passionné de plongée et de photo animalière qui a fait aménager un ancien bateau de pêche pour y accueillir une quarantaine de touristes. Cet ingénieur de formation décrit la spécificité des baleines de Thaïlande, qui gardent la bouche ouverte de longues secondes pour avaler les anchois à travers leurs fanons, filtres hérissés de poils tapissant l’intérieur de leur cavité buccale. Les sorties touristiques de Jirayu sont précieuses aussi car lors des excursions il procède en même temps à des relevés scientifiques. Il veut faire changer les mentalités par une observation en mer des baleines à la fois pédagogique et écologique : ainsi Jirayu se charge-t-il aussi d’expliquer les règles internationales d’approche de la baleine, la nécessité de rester à distance, de ne pas se mettre sur sa route, pour lutter contre un tourisme de masse irresponsable et irrespectueux qui nuit de plus de plus à ces géants de la mer ! Surasak Thongsukdee, spécialiste des baleines au Centre de recherche marine et côtière de Thaïlande, s’inquiète d’un possible impact d’un développement inconsidéré de ce tourisme. « L’an dernier, plus de mille touristes sont allés observer les baleines en mer. Si tous les bateaux veulent les approcher et accélérer afin d’être au plus près des baleines, cela aura un effet terriblement néfaste sur elles , anticipe Surasak, et ce n’est pas dans les préoccupations du gouvernement »… C’est pourquoi le professeur travaille à changer la situation et à former, comme Jirayu, de nouveaux acteurs d’un tourisme responsable et respectueux en Thaïlande.

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