Publié en 1975 aux Etats-Unis, le roman Ecotopia d’Ernest Callenbach est considéré comme le premier récit de la SF utopiste et surtout écologiste ! Il s’est vendu à l’époque à plus d’un million d’exemplaires et a eu, paraît-il, une forte influence sur les mouvements écolos américains. C’est un roman qui nous redonne espoir car, contrairement à d’autres textes utopistes qui démarrent bien mais finissent toujours très mal comme si un monde meilleur était définitivement impossible, ici tout est non seulement possible mais on se rend compte que cela dépend tout simplement de décisions politiques… Dans cette histoire, trois Etats de la Côte Ouest des USA – la Californie, l’Oregon et l’Etat de Washington – ont décidé de faire sécession avec le reste du pays et de construire dans un isolement total une société écologique radicale baptisée Ecotopia. Vingt ans après, l’heure est à la reprise des relations diplomatiques et pour la première fois Ecotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain, William Weston, qui part enquêter sur le terrain et nous permet au fil de ses articles envoyés au Times-Post de découvrir comment fonctionne cette société « écotopicienne » : décroissance économique, autogestion, décentralisation, 22 heures de travail hebdomadaire, recyclage de tous les déchets à 100 %, vie en harmonie totale avec la nature, consommation d’énergie uniquement renouvelable, transports gratuits, vélos en libre-service partout dans les villes, démocratie participative, égalité parfaite hommes-femmes et une présidente femme car le parti majoritaire qui gouverne le pays est un parti féminin qui s’appelle « le Parti de la Survie » !… Quand on pense que l’auteur s’adresse à des lecteurs américains en 1975… qui sont comme est ce journaliste à son arrivée : un peu réactionnaire, nationaliste, misogyne, conservateur, bourré de préjugés… Mais l’enquêteur d’abord septique et légèrement cynique, tombe amoureux d’une habitante d’Ecotopia et c’est peut-être aussi ce qui engage chez lui une profonde transformation intérieure. Certains passages sont un peu datés comme ce qui concerne les animaux : ici pas de mouvement vegan… les animaux sont restés sauvages et si on veut les manger il faut aller les chasser, ce qui est toujours mieux que ce que nous faisons aujourd’hui avec la pêche industrielle et l’élevage intensif !! Mais dans l’ensemble ce roman visionnaire pour l’époque est d’une incroyable actualité… Il vient d’être réédité en français (éditions Rue de l’Echiquier), c’est l’occasion de le (re)découvrir 🙂

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